LABORATOIRE DE CRÉATION
Jabberwock lance régulièrement des projets de création qui, s'ils ne voient pas le jour sous forme de spectacles, sont autant de recherches et d'expérimentations qui alimentent les créations de la Compagnie.
JE DORMAIS (1 ET 2)
Texte Marc-Antoine Cyr. Mise en scène Didier Girauldon et Catherine Vidal. Avec Constance Larrieu, Marc Beaudin (distribution en cours) Production (en cours) Théâtre Denise Pelletier – Montréal, Compagnie Jabberwock. Pour l’écriture de Je dormais (1 et 2), l'auteur a bénéficié d'une résidence à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon. Ce spectacle bénéficie de l’aide à l'écriture du Conseil des Arts du Canada. Résidences et accompagnement Théâtre Denise-Pelletier – Montréal
Nouvelle page du compagnonnage d'auteur avec Marc-Antoine Cyr, Je dormais est l'occasion d'inventer une nouvelle forme de collaboration à six mains :
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Les premières lignes du texte ont été jetées sur le papier au cours d'une résidence d'écriture à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon en mars 2017. Une première résidence avec des comédiens québécois et français a eu lieu en juillet 2017 au Théâtre Denise-Pelletier de Montréal. Le spectacle sera ensuite fabriqué entre la Région Centre-Val de Loire, Paris et Montréal, créé à Montréal et joué plus tard, nous l'espérons, en France.
Il y a sept ans, je quittais mon quatre et demi du Plateau Mont-Royal pour un deux pièces à Paris. Ce n’était pas exactement une fuite. Plutôt un ajustement. Longtemps, je me suis senti étranger. Dans ma famille, sur le bord de mer où l’on m’a fait grandir. Puis dans le grand monde, parmi mes contemporains. Au terme de ces sept années, je me sens prêt à théâtraliser mon étrangéité. Il sera question d’un départ, puis d’un retour. Ça se passera dans une seule maison, située au Québec le jour et à Paris la nuit. Semée d’intrus, la maison. Si je dois inventer une forme théâtrale pour relater l’exil, si je dois regarder aujourd’hui le Québec depuis la France, il me faut raconter l’histoire deux fois. Raconter l’envers et l’endroit. Deux fois, je pourrai nommer la faille que l’on devient quand on vit loin de son pays.
Marc-Antoine Cyr
Au delà de la proposition déjà exaltante de travailler à trois têtes à la création de deux textes puis d’un spectacle, la démarche de Marc-Antoine Cyr me semble ici parfaitement cohérente : il a choisi, pour l’accompagner dans ce travail sur l’altérité et l’identité, deux artistes issus des pays où se situe l’action de son œuvre. À Paul, personnage qui navigue entre deux temporalités suspendues à la recherche de qui il est – de qui il pourrait être, il impose la présence de deux doubles perturbateurs, deux personnages historiques : un inclassable parisien de la belle époque (Boris Vian) et une étoile filante de la poésie québécoise (Marie Uguay). Territoire, exil, guerre intérieure à la recherche d’un « soi » qui n’en finit pas de nous sembler étranger, obsession de trouver sa place dans le présent avec le passé pour boussole : je cherche toujours, dans les créations scéniques sur lesquelles je travaille, à retranscrire cette étrangeté, cette sensation de perte de repère, d’une sorte de réalité « réversible ». Je dormais (1 et 2) et sa maison – dont les portes communiquent entre le jour et la nuit d’un personnage, me semble chercher ce point de renversement.
Didier Girauldon
4.48 PSYCHOSE
Un opéra contemporain d'après le texte de Sarah Kane. Conception Didier Girauldon, Constance Larrieu et André Serre-Milan. Composition musicale André Serre-Milan. Traduction Évelyne Pieiller, L'Arche Éditeur. Live electronics André Serre-Milan. Avec Constance Larrieu et Didier Girauldon. Production Compagnie Jabberwock. Coproduction C.R.E.A.
Téléchargement DOSSIER
Résidence au Fracas, CDN de Montluçon (mai 2015)
Nous tentons ici une expérience : lire ce poème visuel et sonore comme le livret d’un opéra de chambre contemporain, et créer pour lui une partition reposant sur le rythme de la parole et sur chaque sonorité de la pièce, en respectant la diversité de ses mouvements musicaux. Nous approfondissons par là même notre recherche sur le théâtre poétique musical et ne montons pas la pièce au sens narratif et bien ficelé du terme. Il s’agit de donner à voir la partition déjà mise en scène dans le texte, de trouver une grammaire visuelle et sonore prolongeant celle de la page, de transmettre ces sensations sur un plateau, de les rendre audibles pour qu’elles traversent à leur tour et à leur manière un public supposé en empruntant des corps, des voix et un espace qui leur serviront de vecteur en temps réel. Nous chercherons aussi en quoi l’étrangeté d’un son peut provoquer une très forte émotion, et à l’acteur et au public, sans jamais avoir à jouer quoi que ce soit. La structure du texte primera. Il faudra être délicats. Et ce sera déjà beaucoup. Et ce sera avec du poids dans les mots, avec du poids dans les corps mais sans rien appuyer ; légèrement.
Constance Larrieu, Didier Girauldon & André Serre-Milan
Note d’intention sur la musique
Un dispositif réduit à un violon « pendu ». Un épicentre : la comédienne / chanteuse / violoniste. Tout part d'elle et revient à elle. Duo ponctuel avec un comédien (rôle du médecin) qui se transforme progressivement dans la durée en chanteur.
La musique est partout. Et dans 4.48 Psychose particulièrement, à la base même de l'écriture du texte. Il ne s'agit pas d'une musique qui accompagnerait une action ou dramaturgie. Mais d'un texte devenu livret d'un opéra de chambre. Où chaque syllabe et silence sont musique. Où la répartition même du texte dans l'espace de la page éditée se rapporte directement aux temps et espace scéniques.
La langue est structure. La langue est durée. La langue est hauteur. La langue est timbre. La langue est intensité. La langue est espace... La langue est musique.
Habiter musicalement et augmenter chacune de ses pensées en voix, rythmes, inflexions, hauteurs, ornementations, respirations, silence – en écrire une interprétation musicale ; augmenter cette appréhension musicale par la présence de l'instrument, le violon, le double de la voix, jusqu'à créer un nouveau timbre fait de leur fusion : deux personnes en une seule ; violon qui fusionne, parfois accompagne, parle en même temps, se mêle au timbre de la voix parlée, chantée, parlée-chantée – qui prend aussi ponctuellement son autonomie – anticipe ou résout ; tension et détente du geste instrumental réalisé ou non, suspensions, silences visuels ; une corde tendue prête à casser dont un son merveilleux sortira jusqu'au bout du temps... et au-delà.
André Serre-Milan
TRANSE / POSE (PERFORMANCE)
Mise en scène et idée originale Didier Girauldon. Animation et vidéo live Magali Charrier. Collaboration artistique Fabio Culora. Production Compagnie Jabberwock
TRANSE / POSE est envisagée comme une réflexion et une performance pour une animatrice vidéo, des danseurs, un comédien sonorisateur, des images animées en live. Elle explore l'intime qui se meut en silence parmi les mots, contre les corps, entre les interprètes et le public. La création de cette performance, développée entre Londres et Tours en partenariat avec le danseur et chorégraphe anglais Fabio Culora et la créatrice vidéo londonienne Magali Charrier, est destinée à se décliner pour un groupe d’interprètes internationaux. Spectacle de peu de mots, il est destiné à tout public, et sera assorti de débats et d’ateliers de pratique artistique en anglais et en français.
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Quand une émotion naît, qu’un sentiment se transmet, quelle danse invisible s’opère en nous, entre nous ? Comment nous imbibons-nous les uns-les autres ? Comment ces ondes d’empathie franchissent-elles les frontières physiques, les enveloppes charnelles pour se transférer, se décalquer - totalement ou en partie - d’une personne à une autre, ou d’une personne à l’autre encore plus loin via un objet, un regard en biais ? Comment une pensée s’échappe-t-elle d’un hasard, d’une conjonction, d’un geste pour remplir tout un espace ? Comment une idée noire se loge-t-elle dans une partie d’un corps, d’un esprit ?
Comment une expérience vécue par autrui peut-elle être partagée en présence, hors-présence, par contumace ? Quels mouvements communs de deuil, quelles minimales danses de joie ? Quelles sont la forme et la couleur, le goût des désirs, des questions ? Partageons-nous ces couleurs, ces goûts ? Les transformons-nous ? Nous changent-ils ? Quelle impression laissent-ils sur les corps ?
Suggérer ce voyage intérieur qui s’échappe des corps et se transmet d’un-à-un, d’un à tous, de tous à un, de tous à rien. Malgré cette connexion, aborder l’impossibilité à trouver les autres, à accepter la nature de ce partage, l’inextinguible sentiment de solitude. Quelles énergies, quels transferts naissent aussi de la négation, du lâcher-prise, du oui, de la valse de l’hésitation ?
Prendre aussi le temps d’écouter et de regarder : comment les corps et les idées sont tronqués ; comment deux réalités – deux fictions – se soulignent mutuellement ; quelle danse s’agite lorsqu’on ne danse pas ; comment parler de la danse lorsqu’on n’est pas danseur.
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